Le chanteur, compositeur et guitariste britannique Chris Rea est décédé ce lundi 22 décembre à l’âge de 74 ans. En plus de quarante ans de carrière, il aura construit une discographie abondante, souvent sous-estimée, mais d’une grande constance artistique, avec toujours le blues en arrière plan. Lui qui chantait la route de l’enfer, prend aujourd’hui celle du paradis et nul doute qu’il aura une belle place dans le carré des légendes. Blues Actu revient sur une carrière sans concessions.

Né en 1951 à Middlesbrough, dans le nord-est de l’Angleterre, Chris Rea grandit dans un environnement éloigné des circuits musicaux londoniens. Fils d’un immigrant italien, il découvre la musique relativement tard, attiré d’abord par la trompette avant de se tourner vers la guitare au début des années 1970. Autodidacte, il se forge rapidement un style personnel, nourri de soul, de rhythm’n’blues et surtout de blues, qu’il aborde sans mimétisme.

« J’ai appris à jouer dans des groupes locaux, en essayant de comprendre comment faire fonctionner une chanson avant de chercher à briller. »

Avant d’entamer une carrière solo, Chris Rea fait ses armes au sein du groupe Magdalene, formation locale avec laquelle il commence à écrire et à se produire sur scène. Cette première expérience collective lui permet d’affiner son jeu, sa voix et son sens de la composition, tout en confirmant son attirance pour une musique ancrée, loin des effets de mode.

Les débuts en solo

Après un premier album remarqué, Whatever Happened to Benny Santini? (1978), porté par Fool (If You Think It’s Over), Chris Rea s’impose rapidement une signature sonore où la soul et le soft rock côtoient déjà le blues. Les années 1980 marquent son installation durable dans le paysage musical avec Water Sign (1983), Shamrock Diaries (1985) et surtout On the Beach (1986), disque charnière où son jeu de slide guitare et son attachement au blues deviennent centraux.

« Ce que je fais, c’est du blues à ma manière. Je n’ai jamais confondu ça avec le blues afro-américain, qui est l’original. Le mien est forcément différent, il porte mon histoire, mon environnement. »

La fin des années 1980 et le début des années 1990 correspondent à son apogée commerciale. The Road to Hell (1989) et Auberge (1991) sont des succès internationaux mais Chris Rea ne renonce pas pour autant à ses racines. Suivent The Crossing (1992), Espresso Logic (1993) et Blue Cafe (1998), albums plus introspectifs, souvent plus sombres, où Chris Rea s’éloigne des formats radio classiques.

Un homme chante dans un microphone tout en jouant de la guitare sur scène, avec un éclairage bleu en arrière-plan.

Blue Guitars, l’œuvre ultime

En 2005, Chris Rea signe avec Blue Guitars l’un des projets les plus radicaux de sa carrière. Ce coffret de 11 albums, entièrement composés et enregistrés par lui-même, explore méthodiquement les racines du blues, du Delta au Chicago blues, du rhythm’n’blues au blues rock. Mais Blue Guitars ne se limite pas à la musique. Peintre depuis de longues années, Chris Rea réalise également l’ensemble des peintures qui accompagnent le projet.

« Je peignais ces images depuis des années. Blue Guitars m’a permis de réunir enfin la peinture et la musique. »

Toiles, visuels et atmosphères prolongent les thèmes abordés dans les chansons : routes solitaires, paysages nocturnes, voitures, bars, villes industrielles. Pensé comme une œuvre globale, presque introspective, Blue Guitars s’impose comme un manifeste personnel et reste pour beaucoup le cœur artistique de sa discographie, loin, très loin des contraintes commerciales.

Couverture du livre 'Blue Guitars' de Chris Rea, présentant des guitares bleues sur fond sombre avec un éclairage central.

Jusqu’au bout, ne rien lâcher

Jusqu’au bout, Chris Rea reste actif, malgré un cancer du Pancréas. Après sa maladie, il revient aux racines du blues avec l’album Dancing Down The Stony Road (2002), résultat de séances d’enregistrement en France et en Angleterre. Des albums comme The Santo Spirito Blues (2011), Road Songs for Lovers (2017) ou One Fine Day (2019) confirment par la suite son attachement à une musique proche des racines et bien loin des artifices et des modes.

« Je n’ai jamais voulu être autre chose qu’un musicien de blues. Le succès est venu plus tard, presque par accident. »

Avec une discographie audacieuse et riche de plus de vingt albums studio, Chris Rea laisse l’image d’un artiste fidèle à lui-même, qui aura toujours placé le blues au centre de son oeuvre, même au cœur de ses plus grands succès populaires. À ce musicien que l’on associe aux road trips et aux grands espaces, on souhaite bonne route pour son ultime trajet.


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par Cédric Vernet

Président et rédacteur en chef de Blues Actu

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